She need to go away

C’était long, vraiment long. Allongé de tout son long sur la banquette inconfortable de la calèche qu’on lui avait apprêtée il y a de cela cinq jours, Rowena s’ennuyait à mourir. La dernière auberge n’avait pas épargné son dos et elle ne savait que faire dans la route pleine de tours qui menait aux Eyrié. Prochainement, elle devrait s’arrêter et montrer à cheval pour le reste du trajet. C’était une étape obligée, mais elle n’avait qu’une hâte après tout, c’était de la franchir cette étape. Rester assise durant des jours pour atteindre la résidence de son Oncle n’était pas des plus aisés, surtout avec un Suzerain curieux à mourir et qui n’avait de cesse de lui prier de reste. Cependant, Rowena avait eu les mots justes et l’appui de Gregor leur maître d’arme pour pouvoir prendre la route sans avoir à prendre avec elle Edmond. Le pauvre garçon était un peu chamboulé par le décès de leurs parents et ne supportait que peu la solitude. C’était totalement normal, elle-même avait du mal à ne pas être en proie avec ses démons quand elle restait seule dans le noir. Elle avait peur que les sept n’aient pas été généreux avec l’âme de leurs parents. Mais la spiritualité était peut-être de trop dans le but de sa quête. Se rendre au Val des Arryn était une chose difficile, et pour une Dame encore plus. Pourtant, la Dame de Vivesaigues avait fait cet effort. Elle avait plus que besoin des conseils avisés de son oncle pour un sujet pointilleux et qui en faisait trembler de colère le nouveau Suzerain de Vivesaigues. C’était presque devenu un tabou et Rowena ne pouvait pas faire l’impasse sur ce genre de supercherie, elle ne l’aimait pas et tous était de son avis, cette fille était une intruse envoyée par les Lions dans leurs domaines pour avoir un contrôle total sur l’Ouest. Et ça déplaisait à la rouquine.

Vivement, la calèche s’arrêta et elle se retint tant bien que mal pour ne pas tomber entre les deux fauteuils de cuir pourpre et de poinçons d’or. Elle avait toutes les envies de lancer des insultes au cocher qu’on frappait déjà à la porte du transport pour lui prier de descendre pour continuer la route à cheval. Passant une main dans ses cheveux, elle remit en place sa tresse fraichement nouée ce matin. L’allure fière et noble, elle posa le pied au sol sans un mot envers ceux qui l’accompagnaient. Autant vous dire qu’elle n’était pas d’humeur, sa lourde cape de voyage bleu marine flottant sur ses maigres épaules. Il ne fut qu’un temps avant de rejoindre les Eyrié. L’agitation semblait régner, le tout à cause de son arrivée. MaisRowena ne se soucia que de peu du monde qui l’entourait préparant son petit discours, elle avait besoin de son oncle pour un conseil, mais aussi de son appui. C’était presque vital pour que cette bâtarde s’éloigne d’Edmond. Évidemment, la jeune Tully ne voulait certainement pas entrer en guerre contre les Lannister, mais elle voulait faire perdre sa crédibilité à Tamara pour la renvoyer chez elle rapidement et dans le pire des cas l’éliminer elle-même.

Une chose qu’elle ne pourrait certainement faire qu’en cas d’extrême urgence, comme une promesse de mariage ou autre chose, mais Rowena se l’était jurée, elle ne laisserait jamais Edmond épouser une bâtarde, même une demi-Lannister. C’était hors de question, leurs pauvres parents se retourneraient là où ils demeuraient à présent. Suivant l’un des conseillers des Arryn, Rowena atterrie elle ne sait trop comment dans une pièce vide de monde. Elle devait certainement attendre son oncle trop occupé avec les affaires du Val. Le Val, en plus de l’Est, car il en était le gouverneur et Rowena savaient que c’était une lourde tâche. Perplexe, la petite truite se mit à marcher de long en large dans la pièce, regardant par les fenêtres. Elle avait peur que finalement son Oncle prenne peur du pouvoir des Lannister et pourtant, en son for intérieur, la Dame savait qu’il ne la laisserait pas en proie à de tels tourments. C’était la lourde tâche qui lui revenait pairs tout de veiller sur Edmond depuis que sa mère n’était plus, son devoir de lui faire le bon, du mauvais pour qu’il soit un Suzerain exemplaire comme le fut le feu Ser Donnel Tully leur père.

Perdue dans ses sombres et responsables pensées, elle n’entendit même pas la servante, qui venu poser sur la longue table centrale du vin et quelques mets délicats, elle était en phase avec elle-même pour discerner le juste de cette décision importante. Faire plaisir à Edmond et lui laisser la compagnie de Tamara ou penser à l’honneur de la maison Tully en la faisant partir à jamais de leur vie respective. Et la Lannister savait que la Dame de Vivesaigues était prise entre deux feux. L’honneur et la famille étaient tous deux dans la devise de sa maison, mais devoir également, elle ne savait pas vers lequel de ses mots devait se diriger son devoir de conseillère et celui de la sœur aimante. Elle était perdue. Pourtant, les lourds bruits de pas se firent entendre, la sortant en quelque sorte de sa transe. Elle releva les yeux et replaça une mèche rebelle derrière son oreille. S’approchant rapidement de la porte qui s’ouvrait, ne camouflant pas sa joie. Rowena abordait un sourire, ce même sourire que sa tante, elle aussi partie rejoindre les Dieux. Rapidement, elle se posta devant l’homme imposant qu’était son oncle en ajoutant fluette : « Mon oncle, vous voici enfin ! Sachez que je me réjouis de nos retrouvailles. » Et c’était bel et bien le cas, cela se voyait dans les étincelles encore un peu enfantin de ses yeux. D’un geste, elle prit sa main dans la sienne comme pour sceller tout ce qu’elle disait en le tirant presque dans la pièce de sa propre maison. « Savez-vous que les routes pour se rendre aux Eyriés sont de plus en plus dégradées avec le temps ? »

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